dimanche 19 mars 2017

"Une mort très douce" de Simone de Beauvoir.

Editions Gallimard - 1964 -
157 pages.

Dans son bouleversant  roman autobiographique "Une mort très douce", Simone de Beauvoir aborde le thème de la perte de sa mère ; publié en 1964, peu de temps après son décès .

"Pour moi, ma mère avait toujours existé et je n'avais jamais sérieusement pensé que je la verrais disparaître un jour, bientôt. Sa fin se situait, comme sa naissance, dans un temps mythique."

Françoise de Beauvoir entre à l'hôpital pour un col du fémur cassé. Convalescente, fatiguée et dégoûtée par la nourriture, les médecins décident divers examens et diagnostiquent un cancer de l’intestin. Brusquement confrontées à la réalité inéluctable de la mort de leur mère, Simone de Beauvoir et sa sœur « Poupette » se relayent à son chevet et l’assistent dans ses derniers moments tout en lui cachant la terrible vérité. Pourtant, après le décès, la romancière trouve un buvard dans les effets personnels de sa mère où il est écrit « Je veux un enterrement très simple. Ni fleurs ni couronnes. Mais beaucoup de prières. »

 C’est l’occasion pour l’auteur de se souvenir par petites brides de sa jeunesse, de ses rapports conflictuels avec sa mère, leurs incompréhensions, les silences jamais rompus. «  Le silence entre nous est devenu tout à fait opaque ».Elle livre sans fards le peu qu’elle connaît de la jeunesse de sa mère. Elle raconte sa vie de femme mariée, ses attitudes envers ses filles, ses convictions spirituelles, somme toute une condition de vie de femme, à cette époque. Publié en 1964, ce livre court et poignant traite avec pudeur de la fin de vie d’un être cher. Simone de Beauvoir se confie, la déchéance physique, la perte de dignité du malade, le renversement des rôles. Elle dénonce l’acharnement thérapeutique et ne ménage pas le corps médical.

La plume merveilleuse et percutante de Simone de Beauvoir autopsie la souffrance et rationalise la mort. C'est un texte dramatique, percutant, inoubliable !  Dans ces moments forts et douloureux, nous lecteurs,  sommes un peu les voyeurs d’une souffrance filiale. Et, forcément, nous nous mettons à sa place, gorge serrée, nous envisageons cette perte effroyable –  un véritable travail d’introspection, la gorge nouée pour nous,  et l’écriture du deuil  pour l’auteur.

"La mort elle-même ne m’effraie pas : j’ai peur du saut." (p 18, Françoise de Beauvoir).

"Mais rien, jamais, n’abolit notre enfance". (p 48).


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Née en 1908 à Paris et morte en 1986 ;  Simone de Beauvoir était une romancière et philosophe française. Son nom reste lié à jamais à celui de Jean-Paul  Sartre et à l’existentialisme.
Mondialement connue, Simone de Beauvoir était également une figure importante du féminisme, très active dans les années 70. Parmi ses nombreuses et grandes œuvres, je ne citerai que celles lues :    "L’invitée " - 1943  -   " Le sang des autres" - 1945 -  "Le deuxième sexe" -  1949 -   "Mémoires d’une jeune fille rangée" - 1958.
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